Twiggy Flinn / She just roxxx.

Pourquoi diable Marcus et Daisy Flynn avaient-il décidé de faire entrer leur petite dernière - qui n'était autre que Twiggy -, dans ce foutu pensionnat coincé ? Peut-être parce que leurs trois aînés étaient, par ordre croissant, du plus vieux au plus jeune : Taulard, camé et musicos râté ? Certes, c'était un argument, et il aurait pu paraitre normal que Marcus et Daisy ne souhaitent pas que Twiggy devienne pareil, après tout, ils avaient beau être laxistes, ils n'étaient pas non plus totalement dénués de bon sens. D'autre part, Twiggy n'était pas exactement une petite fille modèle, et autant dire qu'elle filait un mauvais coton. Pas bêcheuse pour un sou, la jolie blonde avait pris la fâcheuse habitude de sécher les cours, pour aller rejoindre sa bande d'amis dans un vieil entrepôt qu'ils avaient coutume de squatter. Après qu'elle ait été menacée de redoublement par le conseil de classe, ses parents avaient donc décidés de prendre le taureau par les cornes, et d'inscrire Twiggy dans un lycée qui saurait lui fixer des limites, choses qu'ils ne savaient pas franchement faire. Twiggy était en effet une fille excessive à tendance irresponsable, impossible à maîtriser, dont personne ne connaissait réellement les limites. Totalement spontanée et hystérique, la jolie blondinette possédait en effet une personnalité à multiples facettes, faisant d'elle quelqu'un de très difficile à vivre. Désinvolte au possible, Twiggy se fout par ailleurs de tout, et manque cruellement de discernement. Finalement, le pensionnat n'était pas foncièrement une mauvaise idée, puisque Twiggy finirait fatalement par ressembler à ses aînés si elle n'était pas un tant soit peu cadrées. Bien sûr, ce n'était pas franchement de son avis, puisque Twiggy se serait bien vue abandonner tout bêtement le lycée, pour errer avec sa bande de potes un peu grunge. Bref, c'était le jour J, celui où Twig' était censée faire ses preuves et prouver qu'elle était une élève capable de se tenir. Pas totalement contre l'idée d'intégrer un pensionnat - dans le sens où ça pouvait être l'occasion de faire d'autres rencontres et de s'amuser un tant soit peu -, la charmante blonde n'avait donc pas spécialement décidé de tout faire capoter. Après tout, le pensionnat, ça pouvait être une sacrée expérience. Certes, il y'avait certaines règles, mais elles étaient faites pour être transgressées, right ? Ce matin là, donc, Twigg' ne s'était pas préparée comme pour un évènement spécial, considérant cette journée comme banale. Elle avait revêtu une genre de marinière dénichée dans une fripe à Londres, une veste grise Raf Simons, et de charmantes salomé écru Marc Jacobs. Ses cheveux étaient d'un blond suédois quasi platine, pour une fois, après être passé par le brun et le auburn, et elle les avaient négligemment laissés tombés en cascade sur ses épaules fines. Sa frange était trop longue, ses yeux bleus un peu bouffis à cause de la fête de la veille, quant à ses joues, elles étaient toutes roses à cause de la chaleur qui régnait dans la pièce. Bref, Twig' n'était pas franchement sous son meilleur jour, et à vrai dire, elle l'était rarement. Lorsqu'on l'appela pour qu'elle rencontre enfin le directeur, Twiggy poussa un léger soupire, et remonta son cabas léopard Fendi sur son épaule. Elle adorait ce cabas, il était assez vulgaire et bling-bling, mais porté par ses soins, il était devenu divinement rock'n'roll. Flynn poussa finalement la lourde porte du bureau du directeur après avoir frappé trois coups las, et pénétra finalement dans la pièce. C'était immense, très clair, et le bureau en acajou était imposant. Assis derrière cette merveille en bois sombre, le directeur la fixait de son air strict et glacial.

- Mademoiselle... Flynn, c'est cela ? Demanda-t-il d'un ton un brin hautain et franchement distant.

- Elle-même. Twiggy Flynn, pour être précise. Répliqua simplement Twig', de sa voix éraillée, avec un accent londonien à couper au couteau. Elle passa machinalement la main dans sa tignasse platine, repoussa une mèche de sa frange qui venait de se mettre devant ses jolis yeux bleus quasi translucides, et inspira bruyamment, attendant que le directeur embraye et lui pose une question.

- Très bien, Twiggy. Il venait de prononcer son prénom comme s'il parlait d'un truc dégoutant et répugnant, de la gélatine bas de gamme à la menthe de chez Tesco, par exemple. Que faites-vous ici ?

- Vous m'avez appelée, je suis venue, je suppose. Mon père avait noté "RDV pensionnat" en gros sur l'ardoise du frigo, j'en ai déduit que ça me concernait, j'ai pris un taxi, et me voilà*. Elle avait prononcé ses derniers mots dans un français parfait, d'un air un peu désinvolte qui lui était propre, et qui agaça réellement le directeur.

- Je me doute bien, mademoiselle Flynn. Qu'attendez-vous du pensionnat, pourquoi souhaitez-vous intégrer notre institution ?

- Ecoutez, Monsieur le directeur. Je vais être franche. Je suis là parce que mes parents m'ont inscrite, donc à la base, je ne souhaite pas réellement intégrer votre institution. Cependant ... Le fait de changer d'établissement scolaire est plutôt excitant, je n'aime pas le train-train quotidien, moi mon truc, c'est la fantaisie, le changement, l'effervescence, l'ébullition. Vous voyez le truc ?

Le directeur acquiesça avec un air crispé, Dieu, ce que cette fille pouvait être étrange ! Twigg', pas déstabilisée pour autant, arborait un éternel air détendu et satisfait. Ses joues n'étaient plus aussi roses qu'en entrant, puisqu'il faisait relativement frais dans la pièce, et elle avait l'air aussi calme que si elle était assise à une terrasse de café à papoter avec ses amis. Elle avait une capacité étonnante à gérer le stress, d'ailleurs, c'était à peine si elle connaissait le mot. Pourtant, sa maladie aurait dû la faire angoisser comme pas deux, en principe, mais Twiggy était une de ces exceptions, une genre d'énigme de la médecine. En effet, elle était atteinte de troubles du comportement, de troubles bipôlaires plus précisément ce qui signifiait, pour faire court, qu'elle était maniaco-dépressive. C'était un trouble génétique, hérité de sa grand-mère, dont elle se serait bien passée, par ailleurs, mais qui faisait d'elle une personne vraiment unique. Cela expliquait notamment le fait qu'elle soit excessive, et lunatique. Elle pouvait passer d'un état d'euphorie à un sentiment de profonde dépression, et bien qu'elle soit censée suivre un traîtement pour limiter la casse - à savoir, les crises de nerfs en tout genre -, elle restait assez imprévisible. D'autant plus qu'en bonne fêtarde qui se respecte, elle ne prenait aucun médicament en prévision de soirées alcoolisées, ce qui avait tendance à multiplier le nombre de ses crises. Malgré tout, il lui arrivait aussi d'être à peu près "normale", bien qu'elle soit, la plupart du temps, totalement à côté de la plaque. D'ailleurs, le directeur semblait bien avoir noté que Twiggy était un peu à part, outre le fait qu'elle porte le nom d'une mannequin emblématique des 60's. Ses parents avaient choisis ce prénom, en parfaits fanas des années Warhol et de sa Factory qu'ils étaient. Le directeur ne chercha étrangement pas à en savoir plus sur Twigg', et lui adressa un énième sourire crispé. Twiggy était sérieusement à côté de la plaque, mais son authenticité restait fort intéressante, et elle sortait du lot, au moins. La jeune blonde ne ressemblait à personne d'autre, outre le fait qu'elle est un look un peu improbable, elle se comportait aussi de manière pour le moins étrange, ce qui n'était pas entièrement pour lui déplaire...

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