Disconnection || PV Kenzie

Melloy faisait face au moment le plus difficile de la journée : le matin. Un bruit venu de nulle part l'avait tristement arraché du pays des rêves. Il dormait pourtant si bien. Il ne s'en souvenait déjà plus très bien, mais il y avait beacoup de couleurs dans son rêve. Du rouge, du noir, du rose, du vert. Peut-être un peu de violet, mais rien n'était moins sûr. Il y avait des animaux, partout. Bien plus d'animaux que d'humains. A vrai dire, il était dans un monde contrôlé par les animaux, un monde dans lequel toutes les sortes de batraciens étaient réduits à l'état d'esclaves. Les moins obéissants se faisait guillotiner, ou bien tout simplement éxécuter d'une quelconque autre manière. Melloy se souvenait encore de tout ces crapaux gisant sur le sol. Délicieusement mort. L'éspèce était sur le point de disparaître. Il se souvenait aussi d'un combat avec un crapaud géant. Bien sûr, il avait remporté la bataille, et la foule était en délire quand Melloy porta le coup de grâce en écrasant la boite craniène du batracien. Dans ce rêve, il avait un chien. Un magnifique petit chien qui le suivait partout. C'est marrant, il faudrait qu'il demande à ses parents de lui en acheter un. Il y avait aussi des oiseaux, oui, des oiseaux géants. Il le transportait de ville en ville, dans le but d'exterminer tout les batraciens qui foulaient encore le sol de cette terre. Un rêve parfait, en somme. Quoique légèrement étrange. S'il continuait à faire ce genre de rêve, il allait finir par croire qu'il préférait les animaux plutôt que les humains. Enfin, les êtres de son espèce, il les voyaient tous les jours. Alors quand l'heure était à l'imagination et au lâcher prise, il pouvait bien se laisser vivre dans un monde totalement différent. Histoire de changer d'air.

Quoi qu'il en soit, il n'avait plus vraiment le choix. Maintenant, il devait retourner à la dur réalité qu'est la vie. Première question qui traversa l'esprit de Melloy : quel jour est-il ? Lundi ? Non, la fin de la semaine était plus proche. Jeudi ? Non, il s'était déjà tapé cette journée il n'y a pas longtemps. Vendred ? Non. Samedi ? Samedi ? Oui, samedi. Première bonne nouvelle de la journée. La grimace que faisait Melloy se transforma rapidement en un léger sourire. Il en faut pas pour être heureux. Se rendre compte que la journée qui nous attendait n'était pas remplie d'insupportables heures de cours faisait un bien fou. Seconde question : quelle heure était-il ? Un rapide coup d'oeil vers son réveil lui indiqua qu'il était encore plus feignant que ce qu'il pensait puisqu'il était déjà deux heures de l'après-midi. Et une matinée bouffée, une ! Il pouvait toujours se rattraper cette nuit, en veillant bien plus tard. Encore fallait-il trouver quelque chose d'intéréssant à faire un samedi soir. Dans un endroit tel qu'Harper, la tâche était cruellement difficile. Quel merde de ne jamais savoir quoi faire un vendredi ou un samedi soir. D'ailleurs, il avait fait quoi de sa soirée d'hier ? Il se souvenait d'un plongeon à la piscine, d'une petit chasse au trésor et d'avoir embrasser la fille qui sortait avec le capitaine du club d'échec. Ouais, quelque chose comme ça.

Enfin, pour l'heure, il devait bouger ses fesses de son lit, aussi confortable soit-il. Il avait perdu suffisament de temps comme ça, bien que la rêve qu'il venait de faire était tout sauf une perte de temps. Il devait faire ses devoirs, serieusement, il n'allait tout de même pas se coltiner une réputation de mauvaise élève tout de même. Et puis, chose encore plus importante, il devait mettre la main sur quelques pillules, et d'urgences. Ces derniers temps, ils avaient étrangement prit soin de ses animaux. Et ces bêtes là, ça se reproduit à une vitesse pas croyable. Du coup, sa chambre était remplie de perruches, de poissons, de poussins mais aussi de canards en tout genre. Lui, il s'en foutait, le problème venait de ses camarades de chambres qui ne voyaient pas les choses de la même façon. C'était cruel, mais Melloy allait devoir faire le ménage en tuant quelques uns de ses amis les animaux. Et pour les tuer, il fallait bien des pillules. Autrement, c'est bien trop cruel. Et surtout beaucoup moins marrant.

Quelques minutes de concentration et de combat contre la feignantise ennemie plus tard, Meloy était sur ses deux pattes arrières, prêt à enfiler deux trois vêtements à se mettre sur le dos. Il les piocha au hasard, ce qui lui fît gagner un précieux temps qu'il perda très vite devant le miroir. Se coiffer les cheveux est tout un art, même quand ils sont courts. Une bonne demi-heure plus tard (non non, pas une demi-heure à se coiffer, il ne faut pas oublier la douche et le brossage de dents), Melloy était fin prêt. Ouais, mais prêt à quoi ? Devoirs, pillules, pillules, devoirs. Par où commencer ? Et puis déjà, comment se les procurer ces foutues pillules ? La résèrve qu'il avait faite avec Milly était déjà totalement vide, on se demande bien comment d'ailleurs, et la bibliothèque ne cachait certainement pas d'autres médicaments de ce genre. Pff, tant pis, il ne restait plus qu'à se détendre un peu, le temps de trouver une solution à se terrible problème. Et les devoirs dans tout ça ? Disons simplement que Melloy a un sens des priorités très développés.

Le temps de parcourir les longs couloirs d'Harper, Melloy se trouva face à la porte de la salle de détente. Ouais, pour se détendre, il semble logique de se rendre dans un lieu comme celui-ci. C'est un peu le principe de cette salle, et la raison pour laquelle elle porte ce nom. Il pouvait soit s'affaler sur un canapé, ce qui au final ne faisait pas une grande différence avec son lit, si ce n'est que les canapés rouges étaient sans doute beacoup moins confortables. Soit jouer au billard ou au flipper. Ou encore regarder la télé. La dernière solution était sans doute la meilleure puisqu'elle comportait un minimum de confort : il pouvait s'affaler sur les canapés. Tout en apportant son lot de distractions. Il se dirigea donc vers la belle télévision écran plat, emprunta la télécommande et zappa, sur à peu près toutes les chaînes. Tout cela, bien sûr, sans tenir compte des crétins à lunettes qui regardaient, avant de se faire déranger, un documentaire sur la vie des singes en Amazonie. C'est embêtant, comment allait-il faire maintenant pour savoir que le douroucouli était le seul singe nocturne de cette région ? C'est tragque, mais ils se coucheront aussi bête ce soir. Parce que Melloy lui, il saura après son intensif séance de zapping, que Rogette elle s'est fait éliminer de la Nouvelle Star, et que Marcel fera partie du nouveau casting de Secret Story !

Un samedi soir de plus, coincée entre les murs du pensionnat britannique le plus fantasque que l'histoire ait jamais connu, cela donne quoi ?

Autrefois, il était impossible qu'il se déroule une seule journée sans laquelle, il ne survenait pas un évènement grandiloquent, du genre jet d'eau à incendie déclenché en plein dans le réfectoire, intoxication des joueurs de l'équipe de foot adverse, redécoration exhaustive des salles de classe ou du linge de maison en vert et orange ou encore alcool balancé dans le punch au pomme... Sans parler de toutes les missives individuelles envoyées par cet espèce d'élément perturbateur dont l'identité demeurrait encore et toujours dans le secret le plus absolue.

Qu'on l'apprécie ou non, il était indéniable de reconnaître que Duty était la pseudo mascotte d'Harper. Ce type parvenait à lui seul à mener tout les élèves de l'établissement à la baguette. Aucun jours, aucune heures, nous serions même amenés à dire aucune secondes , où ce dingue ne faisait pas des siennes.
Duty était un être emphatique et vindicatif, un être qui ne pouvait certes pas avoir la prétention d'effrayer une fille aussi coriace que Kenzie Stewarts mais qui pouvait toutefois se venter de recueillir toute ses considérations. C'est vrai, aussi tôt l'Américaine avait-elle, eut l'occasion d'assister aux brillants tour de passe-passe orchestrés par cet être dont la perfidie n'était plus à démontré, que l'adolescente avait comprise que Duty.com serait une distraction suffisante, qui méritait entièrement d'attirer son attention.

Kenzie, se rendait régulièrement sur le site internet de ce type, non pas pour être au courant du dernier ragot en date, en l'occurrence celui du moment concernait une certaine Abigail dont le secret avait été balancé en plein réunion du comité théâtre.. mais surtout pour trouver un passe-temps suffisamment divertissant qu'il lui permettrait de tuer le temps et accessoirement de s'amuser un peu. Or, ce samedi soir précisément, Kenzie avait eut la mauvaise surprise de découvrir le message suivant sur la page principal : "DUTY EN GREVE !"
Imaginez donc un peu le choc. Ce mec les laissaient donc tomber, c'était ça ?! Kenzie fixait l'écran de la salle informatique avec stupéfaction. C'était un peu comme si le ciel venait de lui tomber sur la tête, elle était vouée à un ennui éternel, à présent et son unique secours d'évasion venait de foutre le camps !
Agacée, l'adolescente quitta sa place, balançant presque son siège sur le type du club d'échec assis à côté d'elle. Elle c'était tirée si précipitamment, qu'elle n'avait même pas pris le soin de fermer la page. Arrivée dans le couloir, elle marcha rapidement sans avoir de point d'arrivée fixement définit. Nous étions, un samedi soir, elle était coincée dans un pensionnat à la con et de surplus il pleuvait !
Arrivée au rez de chaussé, elle passa devant la porte de la salle détente sans s'y arrêter, mais elle vint rapidement à la conclusion que cet endroit était le seul susceptible d'attirer son intérêt. Elle n'avait pas vu Melloy et il ne semblait y avoir personne à l'intérieur qui pouvait attirer un temps soit peu sa sollicitude.
Plus blasée que jamais, Kenzie se posa au flipper. Peut-être que si elle se concentrait fortement, elle arriverait à faire abstraction du fait qu'elle était dans une "salle de détente" de cette saleté de bahut mais dans un bar de la grosse pomme.

Au fait, elle était au courant, que le principe du flipper ce n'était pas de bousiller la machine en cognant dedans ? Non, parce que là..

Melloy était devant la télé depuis bientôt une demi-heure. Encore plus concentré que le lait Candia, il zappait de chaînes en chaînes, dans l'espoir d'en trouver une qui sortirait du lot, et qui aurait l'honneur de ne pas se faire zapper, tout comme les autres. Il faut dire qu'à cette heure matinale de la journée, c'est à dire deux heures de l'après-midi, les programmes n'atteignaient pas des sommets en matières de qualité. Et puis... le choix des chaînes n'était non plus grandiose. Le pauvre Melloy avait sans doute déjà fait quatre ou cinq fois le tour, mais il n'avait pas l'air de s'en lasser pour autant. Il s'amusait à laisser quelques instants le fameux documentaire sur la vie des singes en Amazonie, histoire de faire monter le désir chez nos amis les intellos. Puis changeait, une nouvelle fois, vers un programme de télé-réalité des plus instructifs, et se déléctait d'observer chez ces derniers une petite moue de décéption. Que voulez-vous, il n'avait rien d'autre à faire. Enfin si... mais non.

Quoi qu'il en soit, après avoir renouvellé l'opération cinq ou six fois, cela devenait beaucoup moins amusant. Et les intellos étaient malheureusement moins récéptifs, mais aussi moins nombreux. Il était temps de trouver autre chose, et vite. Autrement, ce terrible fléau qu'est l'ennui risquait de lui poser quelques problèmes. Maintenant qu'il était debout, autant faire des choses constructifs. Il était peut-être temps de se mettre à la recherche de ces fichus pillules, et d'exterminer ces pauvres bêtes qui n'avaient rien demandé à personne. Chez Melloy, c'est la loi de la jungle. Seuls les plus forts survivent. Ou les plus mignons, ça depend. Parce qu'aussi faible soient-ils, il était hors de question de tuer pipo le singe, et sparky le caméléon. Oui, les animaux du jeune homme était très diversifié, vous en faire la liste complète serait bien trop long. Et bien trop chiant.

Bref, il se leva du confortable fauteuil, non sans mal, et jeta un rapide coup d'oeil à travers la salle, histoire de trouver... quelque chose à faire. Ou, mieux encore, un moyen de se procurer des pillules. Son regard s'arrêta sur la fameuse Kenzie, parfaite représentation de ces gens qui semblent continuellement blasé par la vie, et encore une fois, elle nous faisait une démonstration de ses talents. Comment les blasés de la vie se comportent-ils dans une salle destinée à se détendre ? L'exemple développé ici : bouleverser les règles du flipper en le secouant dans tous les sens, et non, comme toutes personne normalement consititué, en appuyant sur les boutons se trouva à gauche et à droite servant à faire bouger les trucs qui renvoyaient la balle vers le haut. Oui, des trucs, il en ignorait totalement le nom et cela ne présentait de toute façon aucun intêrét de le connaître. N'est-ce pas ? Et face à une imagination si débordante, la moindre des choses était de se rendre sur place pour découvrir si cette technique portait ou non ses fruits. Melloy constata très vite que non. Le score de Kenzie était.. tout simplement minable. C'était pourtant bien essayé.

- Hey, Kenzie ! Tu te souviens de moi ? On s'est vu à cette soirée pourri, je sais plus laquelle, et j'étais euh... légèrement jovial.

Pour ne pas dire totalement défoncé... c'était une période de sa vie qu'il préférait déjà oublier. D'ailleurs, ces petites retrouvailles étaient pour lui l'occasion de mettre les choses au clair. Les réputations du mec fun qui ne tient pas l'alcool, c'est marrant trente secondes, mais après, non, ça craint. Et bien que Kenzie n'était en apparence pas le genre de fille à balancer toutes sortes de rumeurs, il valait mieux prendre le problème par les racines. C'était dans la liste des choses à faire de Melloy. Il devait faire en sorte que cette soirée soit oubliée, à jamais. Même si, il faut l'avouer, c'était carrément fun !

- J'savais pas que t'étais aussi douée au flipper... vraiment, c'est impressionant.

Une petite touche d'ironie avant de repartir sur de bonnes bases, cela ne pouvait pas faire de mal.

- Bon, je crois que le mieux, c'est de tout recommencer depuis le début. De bonnes et claires présentations, avec une poignée de main chaleureuse, et un "ravie de te rencontrer", tu ne crois pas ? Moi je crois si...

Sur ces mots, le jeune homme tendit la main vers ce qui était supposée être une totale inconnue, et lui adressa un large sourire, histoire de compléter le tout. Un peu comme le petit noeud sur un cadeau, ou la petite cerise sur un gâteau.

- Moi, c'est Melloy. Content de faire ta connaissance !

Oui, parce qu'après le "ravie de te rencontrer", il fallait bien trouver autre chose. Radoter, ça craint. Maintenant, une curieuse question se posait : comment un personnage blasé de la vie réagit-il lorsqu'une poignée de main se dresse devant lui ? Une très bonne question qui allait normalement trouver sa réponse dans... quelques secondes. Quel supsense insoutenable... en attendant, enfoncez-vous bien dans votre fauteuil, et surtout, n'oubliez-pas les pop corns !