Michael Hareton [Hey, Dude, i'm a rockstar!]

Assis dans le couloir, Michael attend que le principal de Harper veuille bien se ramener. Les cheveux tombant lâchement sur ses épaules, son visage enfantin est presque totalement invisible, camouflé par une légère pilosité, et surtout par sa chevelure blonde et raide, qu’il adore particulièrement sentir errer devant ses yeux. Les cours? On ne peut pas dire que ce soit sa passion : au contraire, ce jeune homme de 16 ans mais qui en paraît 20 n’a pas fichu les pieds dans un lycée depuis la fin de la troisième. Contrairement à ce que vous pouvez le croire, ça n’est pas un choix, juste le destin, qui a fait de lui ce jeune homme au jean plutôt moulant, aux santiags de cuir brun qui valent une fortune, au marcel d’un blanc cassé sur lequel sont épinglé des badges aux messages pas très catholiques, et à la veste de cuir qu’il porte avec une telle aisance, que ça en devient criminel.
Mike, c’est un personnage.
Son regard bleu parcours la salle d’attente dans laquelle il est installé. Pas de parents à ses cotés, le jeune homme a prit l’habitude de prendre soin de lui tout seul, et, surtout, ces derniers sont à des milliers de kilomètres de là. LA ou New York, il ne sait plus bien. Ça lui paraît loin, et pourtant, une semaine plus tôt, il était loin de s’imaginer qu’il allait se retrouver dans un bahut paumé dans un recoin de l’Angleterre, loin des spotlights, et de l’attention générale. Ici, c’est à peine si on le remarque. Cette fille, là, en uniforme d’un bleu nuit et aux nattes sagement posée sur chacune de ses épaules, le toise comme si il avait été E.T directement débarqué de sa planète. Il tente un sourire, et elle détourne le regard. Bordel, et dire que c’est ici qu’il va passer le reste de son année…
Un soupir bruyant s’échappe de sa gorge, alors qu’il se met à compter les carreaux qui constituent le dallage du plafond. Ses yeux s’égarent encore, et viennent se poser sur la couverture d’un magasine « L’éducation et vous ». Il croirait mourir. Il a envie d’une cigarette.
Son téléphone portable se met à vibrer, et rapidement se fait entendre un air rock : « I has it » des I Noes nuffing. Son groupe, sa voix. Aux Etats-Unis, il ne pouvait pas faire un pas dehors sans se faire sauter dessus par une horde de fans, et ça durant depuis deux ans. Ici, à peine a-t-il décroché que son Black Berry lui est retiré des mains.

_Pas de téléphone portable dans l’établissement

Il lève les yeux et s’apprête à gueuler, mais se retrouve nez à nez avec un type à lunettes bizarres.

_Monsieur Hareton?

Il hoche la tête, soudain intimidé. C’est très déstabilisant de savoir que ça n’est pas parce qu’on a vendu plus de 3 millions d’album qu’on a plus de pouvoir. En fait, le vieux a l’air de se moquer totalement de la personne a qui il a à faire. Il ne paraît même pas se rendre compte de ses vêtements. M. est un peu déçu. Il le suit, néanmoins, s’assoit en face de lui. Tous deux sont séparés par un bureau assez balèze, et a nouveau, le jeune homme se demande ce qu’il fait là, repoussant une longue mèche en arrière, de sa main ornée de bagues à têtes de mort.
Il hoche la tête à tout ce qu’on lui demande. Est bien conscient qu’il est ici pour étudier, et que son train de vie va changer. Oui, il entre à Harper immédiatement, et non, ça n’est pas son choix.

_Vous avez le niveau de dernière année au moins?
_J’ai prit des cours par correspondance

Et il était assez bon en littérature. Il écrivait même des chansons, c’était dire… Les maths, par contre, un autre problème… Enfin, le vieux s’en rendrait bien compte.

_Pourquoi êtes vous ici?
_Mon agent ne vous a rien dit?

Ah oui, sa mère était aussi son agent. L’agent de plein d’autres personnes aussi. Mais du coup, Mike avait prit l’habitude de l’appeler « Madame », et de ne pas répondre à ses appels, parce qu’il préférait fumer avec ses potes et regarder le plafond. Et faire des conneries. Devant le signe de tête du vieux, il répond en haussant lui-même les épaules

_Je sais pas pourquoi chui là.

Une heure plus tard, il ressort du bureau. Les consignes sont simples : il ne doit pas se faire remarquer (en même temps, qui pourrait le connaître dans cette campagne merdique?), ne doit pas foutre le bordel, et doit obtenir une moyenne supérieure à 60% dans toutes les matières.

Bienvenue à Harper, mec.