I'm not supposed to be here. [Nathaniel Walton]

On a tous le droit de s'accorder une petite pause, pas vrai ? Même les esprits les plus torturés et les acharnés de travail. Delilah Morrison entrait aisément dans ces deux catégories. Oh et "Handicapée sentimentale" convenait aussi mais là n'était pas la question. Reste qu'après avoir passé quelques semaines excessivement stressantes, entre ses cours au rythme dément qui commençaient et cette fameuse cérémonie d'initiation chez les Xanda, elle n'avait qu'une envie : se détendre. Entendez par là boire plus que de raison, se faire une ou deux lignes et mettre le premier joli minois dans son lit. Evidemment cela n'avait rien d'original mais pour une fois, la jolie blonde ne ferait pas dans le subtil. Ce soir-là, elle prit tout de même la peine d'enfiler une jolie robe un peu trop courte pour être décente et avait mit un peu de noir sur ses yeux. Juste un peu. De toutes manières, soyons honnêtes, elle n'en avait pas besoin pour resplendir.

La jeune femme devait rejoindre plusieurs connaissances au Cricket. Elle n'y était encore jamais allée. "Crasseux mais sympathique", voilà comment on lui avait décrit cet endroit. C'était tout ce dont elle avait besoin de toutes manières. Quelques minutes et un pourboire confortable au chauffeur de taxi plus tard, Delilah se retrouvait devant le fameux point de rendez-vous. Crasseux mais sympathique : en effet, cela semblait convenir. Elle poussa la porte du bar et jeta un coup d'oeil à l'intérieur. La salle était bondée et de nombreux groupes d'étudiants semblaient fêter comme il se doit la fin de semaine. Lorsqu'elle reconnut enfin quelques visages, la jolie blonde prit place sur l'une des banquettes et commanda une vodka presque aussitot. Pourquoi mentir ? Elle était venue pour ça après tout. Ce type à lunettes qui parlait fort était bien sympa mais elle comptait rencontrer un autre type de personnes ce soir-là.

Delilah avala son verre presque d'une traite et redemanda la même chose. Elle s'alluma une gauloise et jeta un coup d'oeil distrait autour d'elle. Décidément, cette robe était vraiment trop courte. Ce n'était pas comme si elle commençait à prendre au sérieux ce qu'on pourrait penser d'elle mais fallait pas déconner : elle n'avait aucune envie qu'on la prenne pour une trainée. Okay, elle avait carrément décidé de se faire le prochain bel inconnu sans même prendre la pene de lui demander son prénom mais ... cela n'avait rien à voir, si ? Et puis Delilah avait toujours cultivé ce contraste. A l'université, elle était cette fille un brin rasoir, quoique mignonne derrière ses bouquins, qui ne jurait que par sa future carrière d'avocate. Le soir, elle était cette fille, un brin émechée, quoiqu'intriguante, qui ne jurait que par l'alcool fort et les sourires en coin.

Autour d'elle, les discussions allaient bon train. Les sujets tournaient principalement autour de ce sale devoir à rendre et des examens qui approchaient mine de rien. Rien à foutre. Encore un verre et qu'ils se taisent tous, par pitié.

Une fois n’était pas coutume, le photographe à l’air taciturne du Trinity Eyes était… Complètement bourré. Joli à voir, et les habituels crétins décérébrés qu’il avait l’habitude de croiser dans tous ses cours n’étaient pas les derniers à s’étonner de la jovialité dont faisait preuve Walton à leur égard. Oui, il avait même entretenu une conversation de plus de quinze secondes avec une nana nommée… Euh… enfin bref. Il n’avait pas bu au point de prendre la peine de mémoriser les patronymes de personnes qui polluaient son espace vital au quotidien. N’allez pas penser qu’il soit, genre un individu égocentrique qui se croyait au dessus des autres. Non, loin de là, seulement, lorsque des personnes dont vous n’aviez que faire s’étaient mis en tête de devenir votre meilleur ami, avec ou sans votre accord, ça devenait rapidement horripilant.

Il n’avait pas exactement commencé la soirée au Little Cricket, mais dans la chambre d’université qu’occupait une de ses connaissances. Comme souvent, quelqu’un avait proposé de se rendre au pub le plus proche, et c’est ainsi qu’un Nathaniel Walton, les idées embrumées, avait passé cinq minutes accoudé au bar à écouter les diatribes de sa camarade, laquelle l’avait ensuite guidé vers une des banquettes, pour, sans doute, profiter de son état étonnement conciliant, voire même bavard, et obtenir de lui ce qu’elle n’était pas parvenue à avoir lorsqu’il était sobre. Bas, mais légitime, en somme. Du moins, c’était ce que se disait le jeune homme, avachi, en comptant les petites lumières blanches qui s’étalaient sur le mur qui lui faisait fasse.
Il se faisait toujours avoir de cette manière de toutes façons, non qu’il soit particulièrement novice en la matière, mais disons qu’il se laissait plus ou moins volontairement piéger, ces fois où son cerveau se mettait en mode off. Merci l’alcool.

Et puis soudain, une envie de nicotine. Cherchant dans la poche gauche de son jean, il se rendit compte que son paquet n’était point à sa place. Rien non plus dans la poche de sa veste : bon sang, il avait dû l’oublier quelque part.

Merde.

Il la lui fallait, pourtant. Comparé à tout ce qu’il avait bien pu prendre dans sa vie, c’était loin d’être toxique.

« Salut ».

Il s’était levé, notre Walton, et s’était dirigé vers une fille qui venait de s’en allumer une. S’accroupissant à coté d’elle, les bras posés sur la table qui se tenait devant elle, un sourire légèrement absent lui flottant sur les lèvres, il l’observait de son regard plus très logique, la trouvant drôlement plus jolie que sa harceleuse de comptoir, d’autant plus qu’elle avait ce qu’il voulait, et ça, c’était pas négligeable.

« Un verre contre une cigarette? »

De temps à autre, la petite brune assise près d'elle se tournait de son côté et tentait tant bien que mal de l'intégrer à la conversation. Ce devait être Leslie ... ou Julia. Elle ne se souvenait jamais des prénoms. De toutes manières, se retrouver dans le même groupe de tutorat ne faisait pas d'elles des amies pour la vie. La jolie blonde était dotée d'une philanthropie sans égale en somme. Elle prenait tout de même la peine de répondre parfois, histoire de ne pas se terrer dans sa solitude. Même si cela semblait inévitable ce soir, surtout lorsqu'elle aurait un ou deux verres de trop à son actif. D'habitude, elle ne sortait pas avec eux. Elle avait son groupe d'amis, une jolie bande de junkies, un brin jeunesse dorée et c'était avec eux qu'elle partageait ses nuits de débauche. Cette fois, elle n'avait pas eu le choix et puis elle s'était dit qu'elle pourrait s'amuser quand même. Grave erreur. Gentils comme tout mais assomants au possible.

Alors que son esprit divaguait une fois de plus vers des contrées étranges, un individu de type masculin lui fit face, sans prévenir. Delilah fut sortie de ses pensées subitement par un jeu homme, brun et plutot attrayant physiquement parlant. Il semblait avoir déjà bien entamé sa soirée. Elle ne pu s'empêcher de lui rendre son sourire. Surtout que le jeune homme en question venait de lui faire une proposition intéressante.

- Il me semble que c'est une proposition honnête. Autrement dit, tu m'offres un verre ? dit-elle en lui tendant l'une de ses gauloises.

Elle ne savait pas pourquoi mais son visage lui disait quelque chose. Comme si ... ils s'étaient déjà vus. Elle prêta cette impression à son taux d'alcoolémie en hausse et chassa cette idée de sa tête. La soirée risquait de prendre un tournant plus intéressant, il était temps d'en profiter. La jeune femme tira sur sa cigarette et fit quelques ronds avec la fumée, passe-temps puéril qui la détendait toujours. A présent, elle s'était écartée du groupe sans même s'en rendre compte et ils se retrouvaient un peu à l'écart. Leslie/Julia semblait avoir abandonné tout tentative d'intégration de cette fille qui faisait si peu d'efforts.

Elle avait répondu à son sourire, ce qui était encourageant, compte tenu de l’air un peu guindé qu’elle avait avant qu’il ne vienne l’aborder. Comme à chaque fois qu’il était sous l’effet de l’alcool, il faisait attention aux détails qu’il n’aurait sans doute pas observé dans son état normal : vous savez, qui rendait donnait à l’endroit où on se trouvait un aspect onirique au possible. La musique, sans doute des chants irlandais, et le brouhaha des gens ajoutait une bande-son à sa torpeur, et quand aux images, c’était simple, tout paraissait mieux qu’au naturel.

Le sourire de Nathaniel s’agrandit lorsqu’elle lui tendit une cigarette.

« Autrement dit… Oui »

Attrapant le briquet qu’elle avait laissé sur la table, il l’alluma, puis aspira une longue bouffée. Bon, c’était vrai qu’il n’avait aucune envie de se traîner jusqu’au bar pour commander, d’autant plus que rien ne garantissait que la blonde serait toujours libre à son retour.

Il releva les yeux vers elle, toujours adossé à sa table, et observa un instant la jeune femme faire ses ronds de fumée. C’était plutôt cool.

« Nath! »

Aucune réaction du susnommé, toujours occupé à observer la jeune femme.

« Nathaniel! »

La jeune femme avec laquelle il discutait un peu plus tôt, venait d’arriver à coté d’eux, deux verres à la main, et un regard plutôt mauvais agressé à la blonde qui venait de lui donner une cigarette. Ne se souvenant toujours pas de son prénom, mais voyant dans les mains de la brune les verres qu’elle était supposée aller chercher, il se leva plus ou moins rapidement, et, sans se départir de son sourire, lui déposa un baiser sur la joue, tout en lui prenant les récipients qu’elle était allée chercher.

« Merci, c‘est quoi?»
« Vod… Vodka pomme »
« Ok, cool. Ça te dérange si je… Te rejoins plus tard? J’ai une urgence »
« Euh.. Je crois bien que non »

Je vous assure qu’un aucun cas le jeune homme n’avait la moindre intention de ne pas tenir sa promesse. Hum.

Une fois la jeune femme ayant tourné les talons, il posa un des verres devant la blonde dont il ignorait le nom, et demanda, tout en reprenant sa position initiale :

« Tu n’as rien contre la vodka pomme, j’espère? »

Delilah le regarda allumer sa cigarette tout en tirant sur la sienne. Alors qu'elle se disait justement qu'elle ne savait toujours pas comment ce mystérieux inconnu s'appelait, le question fut réglée lorsqu'on l'interpella. Entendez par là une voix féminine plutôt criarde. Une jeune femme rappliqua et sembla s'adresser au jeune homme, un verre dans chaque main. La petite amie surement. Dire qu'elle était déçue était legerement exagéré mais ... Bref. La petite amie en question lui adressa un regard glacial auquel elle répondit par un sourire forcé. Son hypothèse s'avéra exacte lorsqu'elle vit le jeune homme se lever et déposer un baiser sur la joue de la nouvelle arrivante. Il s'empara de ses deux verres et échangea quelques mots avec elle avant qu'elle ne s'éclipse. Celui-ci reprit sa place initiale, posant les deux verres sur la table, devant l'air étonné de la jolie blonde.

- Absolument pas. Mais ... Tu ... Enfin ça ne la gêne pas que je prenne l'un de ces verres ? demanda t-elle, pas très sure que tout cela soit une bonne idée.

Le jeune homme lui assura le contraire et Delilah avala une gorgée, sans poser plus de questions. Après tout, elle n'allait pas rechigner devant une vodka. Et puis il la lui devait. Elle reposa son verre en lui adressant un léger sourire.

- Alors Nathaniel je présume. Ou devrais-je plutot t'appeler Nath, à moins que cela ne soit réservé à ta chère et tendre. Oh et puis de toutes manières, je prefere Nathaniel, dit-elle, un peu comme si elle pensait à voix haute. Histoire que l'on soit à égalité tous les deux, moi c'est Delilah.

Elle n'avait capté que quelques bribes de leur conversation et se demandait pourquoi il lui avait menti. Après tout, cela ne la regardait pas et elle ne s'était pas déplacée jusqu'ici pour s'embarquer dans une énième embrouille. Seulement quelque chose lui disait que ce Nathaniel vallait la peine qu'elle s'intéresse à lui. Wahou, quel honneur miss Morrison.

- Je sais que ça n'a guère d'importance mais j'ai l'impression de t'avoir déjà vu quelque part et ça va bientot tourner à l'obsession. Tu pourrais m'éclairer ou bien c'est juste mon esprit attaqué par la coke qui me joue des tours ? demanda t-elle en tirant une dernière bouffée de sa cigarette, sans le lâcher une seconde des yeux.

Certes, on pouvait dire qu’il avait mal agit. Déjà, il imaginait les hurlements stridents d’une de ses amies lorsqu’il lui apprendrait l’anecdote : prendre les verres de la main d’une jeune femme pour les offrir à une autre était particulièrement mesquin. Mais après tout, il était de connaissance publique que Walton n’avait aucune notion de conscience, et encore moins de sens commun. De toutes manières, il aurait tout le reste du semestre pour que ses actes le rattrapent, étant donné que la fille à la voix stridente était dans la majorité de ses cours. Pour le moment, laissons le dans son ivre torpeur, récupérer la cigarette qu’il avait calée avant de se lever contre un cendrier laissé là, et se replonger dans une contemplation presque béate de la jeune blonde.

« Mais ... Tu ... Enfin ça ne la gêne pas que je prenne l'un de ces verres ? »
« Non »

Sympa, ces scrupules, mais sincèrement, il s’en fichait un peu. Si elle n’avait pas voulu qu’il prenne ses verres, elle aurait refusé, non?

« Alors Nathaniel je présume. Ou devrais-je plutôt t'appeler Nath, à moins que cela ne soit réservé à ta chère et tendre. Oh et puis de toutes manières, je préfère Nathaniel »
« Moi aussi »

Son sourire réapparu un quart de seconde. Il fut un temps où il s’acharnait à faire entendre à autrui qu’il n’acceptait pas qu’on raccourcisse son prénom, mais s’était résigné, se contentant à présent de vouer une haine immédiate à quiconque se permettant de l’appeler Nath, Nathan ou encore Nathie.

« Enchanté, Delilah » poursuivit-il en lui tendant une main fine aussi pâle que son visage : « Tu es très jolie, ce soir ». Oh, ne serait-ce pas une référence à la chanson qui portait le prénom de la jeune femme? Attrapant son verre de vodka, il en but une rasade, tout en écoutant la question de Delilah.

Bon, pour Nathaniel, c’était assez difficile de savoir si oui ou non il avait déjà vu la jeune blonde, compte tenu du fait qu’il ne faisait que rarement attention aux personnes qui l’entouraient. Aussi ravissante fut-elle, il était donc tout à fait normal qu’il ne l’ait pas remarquée à Cambridge, où ailleurs.

« Je sais pas… » Il leva les yeux au plafond, cherchant les endroits où ils auraient bien pu se croiser : « Cambridge? » Sans blague... Mais encore? « En cours peut-être? On a pas un TP de Math ensemble? » Ah non, trop pas. « T’es dans une confrérie? »

Delilah affichait un petit sourire depuis un moment. C'était peut-être l'alcool, soit, mais cette expression qu'il avait quand il la regardait était plutôt flatteuse. Elle devait reconnaitre qu'elle ne l'avait pas lâché des yeux non plus depuis son arrivée. C'était qu'il se révélait chaque seconde un peu plus intéressant, avec son sens évident de la répartie et ses yeux brillants. Elle n'y pouvait rien, Delilah était sensible à l'originalité, de quelque forme qu'elle soit. La jeune femme ne pu s'empêcher de rire lorsqu'il lui tendit la main et lui fit un compliment tout droit sortit d'une chanson qui portait son prénom. Elle la serra, s'attardant quelque peu puis retira doucement sa main délicate pour la reposer sur ses genous.

- Merci, répondit-elle simplement, un léger sourire toujours accroché aux lèvres.

Suite à sa question, le jeune homme semblait réfléchir. Elle n'avait aucunement l'intention de l'ennuyer mais c'était plus fort qu'elle, elle savait qu'elle l'avait déjà vu et elle devait retrouver où. Question existencielle, quand tu nous tiens. Cambridge ... Oui, c'était certain. Mais encore ? Le TP de maths était à exclure, Delilah ne le suivait pas. Une confr ... Oui ! C'était ça. Son sourire s'élargit encore un peu plus, soulagée de ne plus avoir à se torturer l'esprit davantage pour la soirée.

- Nous faisons tous les deux partie des Xanda si ma mémoire est bonne. Encore merci, je n'aurai pas supporté rester dans l'ignorance, ajouta t-elle en buvant une autre gorgée.

Oui, Delilah était une fille étrange mais ... qui s'intéresserait à une fille banale ? Ce n'était pas un gerne qu'elle s'était donné. Ses tendances extrêmes et incompréhensibles étaient tout à fait naturelles. Elle en étonnait plus d'un, en effrayait plus d'un aussi mais ceux qui perseveraient se voyaient en général récompensés. N'y voyez rien de pervers : on parle seulement d'amitié, naturellement. Maintenant pratiquement convaincue qu'il ne comptait pas rejoindre l'autre fille à la voix nasillarde, Delilah se détendit un peu.

- Bref, changeons de sujet. Ce soir j'ai décidé de laisser l'université de côté. Tiens, qu'est-ce que tu fais ici ? J'veux dire ... tu es venu seul ? demanda t-elle, histoire de vérifier que, mine de rien, son hypothèse était juste.

Ah oui, elle était dans la même confrérie que lui? Le monde était fort petit, d’autant plus que, d’après ce qu’il avait pu observer (ou pas, d’ailleurs, puisqu’il ne l’avait pas reconnue), le nombre de filles présentes chez les Luminaere était très limité.

« Vraiment, Delilah? Qui aurait cru que parmi une bande de cinglés accros à toutes sortes de trucs terriblement chiants se cachait quelqu’un… Comme toi? »

Avalant une bonne rasade de sa vodka alors qu’elle posait une nouvelle question, il regarda autour de lui. Le bar était assez plein, mais les têtes de la plupart des personnes présentes lui étaient peu familières, puisque, tout comme il n’avait jamais remarquée Delilah, aussi jolie soit la jeune femme(alors que si il avait porté un peu plus d’attention à la soirée d’initiation des Luminaere, il se serait rendu compte qu’elle y avait été aussi), il n’avait nullement prêté attention aux personnes qui composaient l’université de Cambridge Trinité, si l’on mettait de coté quelques rares exceptions. Certes, il pouvait voir les potes avec lesquels il était venu au bar éparpillés dans la salle, vaquer chacun( e) à ses petites occupations, mais tous dans le même état que lui.

« Oui » Lui répondit-il. Puis, après un moment d’hésitation : « Enfin, non, je ne suis pas venu seul, mais c’est tout comme. Mes potes quelques part là bas… » Il fit indiqua la salle d’une main vague, n’ayant visiblement pas à l’idée le fait que la jeune femme lui suppose une petite amie potentielle.

« Et toi? »

Et puis, mû par une inspiration soudaine, il ajouta en terminant sa vodka :

« ça te dirais de faire un tour dehors? On pourra aller où tu veux, promis »

Et la voilà qui gambadait joyeusement dans le parc, après avoir passé un bout de sa soirée avec son cousin éloigné de petit ami, connu et reconnu sous le sobriquet de Melloy J. Joplin. A l'ouest rien de nouveau, le couple s'enfonçait peu à peu dans la monotonie du quotidien. Néanmoins, la solution du club d'échangisme ne s'était pas encore imposée aux yeux de Giulia. Encore heureux. Mais c'était embêtant. Leur relation s'était avérée épanouissante durant les premiers mois, maintenant l'américaine avait l'impression d'être un vulgaire personnage de mauvaises séries B. En résumé, rien de bien intéressant.

Elle s'arrêta quelques secondes, enfonçant une main dans son sac. Tâtant le fond à la recherche d'un briquet, il ne lui fallut que quelques secondes pour allumer sa première cigarette de la soirée et reprendre sa marche, d'un pas tranquille cette fois. Étrangement, elle avait l'impression d'avoir déjà vécu cette scène : la nuit tombée, seule, prête à aller écumer le comptoir du seul bar du coin. Et encore, le bar en question était à un kilomètre de l'université.

Non, ce n'était pas une alcoolique, voyons. Le Little Cricket était avant tout un endroit où se refaire une santé sociale, autour d'un verre de whisky-coca, oui. Encore une fois, Giulia stoppa sa course, histoire d'arrêter de jouer la sauvageonne et de remettre sa paire d'escarpins Louboutin, cette terrible paire de chaussures maléfiques. Comme toujours, elle était impeccablement vêtue - robe coute rayée en maille et perfecto en vérité - et ne pouvait pas se risquer à briser son image. En plus d'avoir des oreilles, les murs avaient aussi des yeux.

Deux minutes plus tard, elle errait dans les rues de Cambridge, parcourant la rue principale à la recherche de la ruelle glauque et étroite où était situé le lieu désiré - le Little Cricket. A peine fut-elle entrée à l'intérieur de l'établissement qu'elle tomba nez à nez avec Nathaniel, accompagnée d'une jeune femme blonde, qui étaient visiblement sur le point de sortir. Giulia voyait la scène au ralenti, exactement comme dans les films où le héros prend plusieurs instants pour examiner les lieux. Son regard détailla longuement le Xanda, venant rapidement à la déduction qu'il n'était pas sobre - ou du moins, qu'il ne ressemblait plus au gus avec qui elle avait été embarquée dans des péripéties loufoques - à en juger par ses pupilles dilatées. Vient l'observation de l'autre invidividu, qui ne dura guère longtemps.

Oh Nathaniel !

Déjà Giulia affichait un grand et délicieux sourire à l'attention de Nathaniel, se jetant presque à son cou pour déposer un léger baiser sur sa joue. Ce n'était que le prélude. Elle se glissa contre lui et entoura la taille du jeune homme avec l'un de ses bras, gardant les yeux rivés vers l'autre fille. Pourquoi faisait-elle ça ? Aucune idée.

Et toi.. tu es ?

C'était si gentiment demandé... Elle venait de s'adresser à la blondinette, un sourcil arqué.

Depuis quand te payes-tu le luxe d'être un golden boy darling ? A moins que tu ne fasses du baby-sitting ou alors..

Giulia tourna la tête vers le seul Y présent, adoptant un air légèrement contrarié à l'idée qu'ils puissent se cacher entre deux poubelles pour régler leur petite affaire - ouais, c'était assez glauque en vérité.

C'est une fille de ta classe ? Vous comptiez sortir ? Maintenant ? Où ça ? Loin ?

Petits yeux suspicieux. Le rôle de la copine pestiférée ? Elle était née pour le jouer, ça se sentait.

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