Day, 2.
7.45 p.m
Épreuve Cinématographique
« Il n'y a jamais eu de journée, que t'as eu envie de recommencer ? »
Tenez ramenez-vous un peu par là. Vous la voyez cette fille là bas ? Celle à la frange parfaitement symétrique qui s'essuie proprement la bouche avec sa serviette de table ? Elle semble rêveuse et ne parle à personne. Maintenant elle se lève, sa chevelure noire de jais est revêtue d'une coiffe assez étrange et on peut constater qu'elle porte des collants blanc sur lesquels sont ajustés une paire de socquettes de la même couleur à petit pois si ce n'est. Enfin, sur ses fines cuisses tombe une petite robe noir a frou-frou aux inspirations lolita goth' des 60's...
Laissez-moi vous présenter Doris Milano, mais peut-être la connaissez-vous déjà ? En même temps vu ses freings et son look déjantés, on vous accorde que c'est assez difficile de ne pas la repérer au milieu de la petite horde de princesses épidermiques dont est composée en majeur partie la « ô combien grandiloquente » confrérie des Lys de Cambridge. Il vous suffit d'y regarder de plus près, cette fille là est à mille lieu de la norme en vigueur dans cette pièce. C'est a dire que sincèrement même ce garçon ici, Somerled, a l'air nettement plus à sa place chez les Amaryllis qu'elle.
Bien que ne comprenant pas trop ce qui les a motivés à accepter Doris, j'ai pour ma part développé la théorie suivante. A défaut d'avoir les qualités requises, pour justifier sa présence chez ces fleurs, il suffit simplement d'être l'homosexuel en plein coming-out du coin ou bien la progéniture d'une TRES importante personnalité du sol Britannique. Enfin excusez mon impolitesse, nous ne sommes pas là pour parler de l'ascendance de Doris je suppose. D'ailleurs rendez-vous compte, le temps qu'on parle cette chipie a déjà eu le temps de filer discrètement du dîner. Et ce sans que personne ne s'en rende compte.
Ah, Doris...
En fait ce qui ne tournait pas rond aujourd'hui chez Doris (plus que d'habitude quoi), ce n'était pas tant le fait qu'on soit aujourd'hui car après tout, quel mal il y avait-il à être la veille de demain et le lendemain d'hier ? Aucun, si ce n'était le fait justement que nous étions aujourd'hui ! Soi aujourd'hui, ni hier, ni demain... Pour explication, dans moins d'une heure, face a vous sur cet écran géant sera projeté deux des films qu'elle avait réalisé. Si ce n'était que cela, aucun problème vous dirait-elle. Sauf que voilà, rien n'aller comme il fallait.
A vrai dire, elle n'en avait que faire que ses films soient livrés à la critique acerbe d'un jury sans doute incompétent en matière d'art premier - Oui, parfaitement Doris était ce genre d'artiste fou qui utilisait de grand mots parfaitement abstrait afin de qualifier son travail parfaitement... Abstrait en fait... – . Si elle s'était esquivée du repas ce n'était pas par trac ou autre considération du genre , elle n'en était pas à sa première compétition. Le cinéma c'était sa vie, elle faisait ça aussi bien qu'elle savait manger ou parler.. Ou peut-être pas, car en fait maintenant qu'on y pense c'est vrai vrai que Doris mange aussi peu qu'elle ne parle. Elle se contente dans les deux cas du stricte minimum alors que dans le cas du cinéma, c'était carrément l'inverse, elle se surmenait à la tâche avec un perfectionnisme qui en devenait parfois maladif. Je ne sais pas si vous avez déjà eu l'occasion de la voir travailler mais c'était quelque chose d'assez effrayant. On concède toutefois qu'en général ce débordement d'énergie payait bien. Doris faisait toujours des trucs monumentaux. Alors vous vous doutez bien en sachant cela qu'une fille aussi perfectionniste qu'elle ne pouvait pas laisser passé la moindre faille...
L'italienne venait d'arriver d'un pas léger au bas des marches menant à la fausse de l'opéra, comme prévu celui-ci était vide. Elle avait prise soin de tendre l'oreille afin de pouvoir identifier une quelconque présence, mais il n'y avait rien hormis le doux son d'un silence plein de merveille. Ah, le silence et Doris... Une grande histoire d'amour. Sans attendre, la jeune fille se hissa sur l'estrade et fila rapidement derrière l'épais rideau rouge, s'engouffrant ainsi dans les coulisses. Elle paraissait pressée et n'avait de cesse de fixer la montre en forme de citron vert vissée à son poignée. L'épreuve aller commencé dans un peu plus d'une heure. Elles avaient un quart d'heure devant elles avant l'arrivée de l'équipe qui s'occupait de la technique. C'était relativement court, mais jouable...
A ce moment là, un grincement résonna derrière-elle, lorsqu'elle se retourna Doris dirigea ses grands yeux bleu sur le sol, une petite trappe sous la scène s'était ouverte. Ni sursaut, ni expression de surprise. Au contraire c'était tout comme cette manifestation soudaine était des plus normale.. D adressa un large sourire à la nouvelle venue, ainsi que quelques mots qui allaient pour ainsi dire tous à l'essentiel.
« T'as fais drôlement vite. T'es parvenue à avoir ce qu'il nous faut ?»
Elle tendit sa main à la petite blonde afin de l'aider à monter à ses côtés.
On vous l'accordes, c'était impossible de déchiffrer cette conversation, si on ne savait pas déjà de quoi elle parlait, mais Liliany le savait alors pourquoi ciel s'étendre ?